ECTI 72 / Fondation de la 2ème chance

Le volet humanitaire du bénévolat de compétence

Reprendre la route. La Fondation de la deuxième chance offre aux personnes en difficulté la possibilité d’un nouveau départ. Le hasard veut que pour trois des personnes aidées dernièrement par la Fondation et ecti72, posséder ou conduire une automobile était la clé de leur seconde chance dans la vie.

Tranches de vie

L’Albanie est un beau pays, formellement démocratique, bien que les mauvaises langues le prétendent gouverné par quelques puissantes familles qui s’appuient sur des groupes maffieux aux méthodes assez expéditives. L’homme qu’Ecti 72 et la Fondation de la seconde chance aident actuellement – appelons le Omar – vivait en Albanie dans une région assez sèche où l’eau est rare. Son père possédait un terrain sur lequel se trouvait une source. Un notable local a voulu acquérir le terrain et sa source ; le père d’Omar a refusé de vendre. La maffia est alors entrée dans le jeu. À bout de menaces et de pressions, le père d’Omar a fini par s’enfuir pour sauver sa vie. Restait Omar, propriétaire désormais du terrain et de la source, ainsi que des ennuis qui vont avec.

Ingénieur des Eaux et Forêts dans son pays, le fils a rapidement subi les mêmes pressions que son père. Il a décidé d’émigrer pour préserver sa famille, payé un passeur et fini par arriver en France. Accepté comme réfugié politique, il a été pris en charge par Emmaüs en 2017. Il parle français et veut repartir à zéro, travailler et quitter Emmaüs le plus vite possible pour laisser sa place à quelqu’un d’autre.

Omar cherche activement des emplois (usine de fabrique de palettes, EHPAD etc.). Mais il lui faut une voiture et un permis de conduire. Il en possédait une en Albanie. Il a demandé à un ami notaire de la vendre et de lui envoyer l’argent en France. La voiture est achetée ; reste le problème du permis de conduire. La France ne reconnaît pas son permis albanais. Il faut qu’il le repasse en France. Mais il n’a plus assez d’argent pour le faire. C’est là qu’intervient la Fondation de la deuxième chance et ecti72. On lui paiera le coût de son permis et il pourra être embauché.

Un autre homme, 37 ans, d’origine africaine, près du Mans. Il veut changer de métier : dealer, ce n’est plus pour lui.  Sa compagne et lui se sont séparés mais ils ont eu une fille et se sont entendus pour l’avoir chez eux en alternance. Il ne veut pas que sa fille vive avec un père qui vend de la dope. Sa détermination paraît solide. Il est en formation par alternance en BTP dans la cité mancelle. Son patron est satisfait de son travail et lui laisse entrevoir la signature d’un CDD a condition d’avoir un moyen de transport. Malheureusement notre homme n’a pas de voiture mais il a son permis. L’organisme de formation nous contacte pour demander si la Fondation pourrait financer une voiture. Après avoir vérifié les critères d’éligibilité nous l’incitons à monter un dossier. Après une vérification administrative de Paris, le dossier nous est confié pour l’instruction. Ce dossier a été accepté par la commission d’attribution des aides. La Fondation a financé l’achat d’une voiture d’un garage solidaire. Mais compte tenu des difficultés créées par la COVID l’entreprise ne pouvait pas l’embaucher immédiatement. Il s’est inscrit dans une agence d’intérim et 10 jours après il avait du travail. Aujourd’hui il exerce son métier sur Paris.

Une femme vivant près du Mans. Dans la région, un grand abattoir de volailles embauche beaucoup d’intérimaires. Les moins bons ne sont pas repris, les meilleurs se voient proposer des CDD et parfois des CDI. La plupart du temps, les intérimaires parviennent à organiser un covoiturage. Mais les horaires des uns et des autres changent. Aujourd’hui il n’y a plus de possibilité de covoiturage pour elle. Juste au moment où l’employeur lui propose un CDI, ce qui est un grand progrès comparé à la précarité extrême des intérimaires. Elle a un permis de conduire mais pas de voiture. Sans voiture elle perdra sa place. Répondant aux critères de la Fondation et après une instruction favorable La Fondation lui a permis d’être embauchée en lui finançant une voiture.

Trois courtes histoires qui ne feront pas la une du journal. Mais à chaque fois, c’est, pour un homme ou une femme, une deuxième chance de retrouver une vie normale.

La Fondation de la deuxième chance et ecti72 – En 2018 Alain Mouy, délégué départemental, s’est rapproché d’ecti 72 dont les activités l’intéressaient à titre personnel, mais qui avait aussi parmi ses membres les talents et les expertises capables de mener à bien les projets de la Fondation dans la Sarthe.

En 2021, les membres d’ecti72 portent 7 dossiers de la Fondation. Grâce à elle, ecti72 a renforcé son engagement social et humanitaire. Pour les personnes qui ne sont pas familières avec les missions accomplies par nos membres en liaison avec la Fondation, cela vaut la peine de rappeler brièvement les principes et le cadre d’action de la Fondation de la deuxième chance. Il y a peut-être autour de vous quelqu’un qui aurait besoin d’un coup de pouce pour repartir du bon pied !

L’objectif de la fondation est d’aider et d’accompagner les personnes ayant traversé de lourdes épreuves de la vie, qui sont en situation de précarité et montrent une réelle volonté de rebondir à travers une formation qualifiante ou une création d’entreprise. Le financement de voitures ou de permis de conduire ne fait pas parti des missions principales de la Fondation. Mais elle peut le faire si cette aide permet le retour à l’emploi de la personne, à condition qu’elle réponde aux critères d’éligibilité de la Fondation.

Les accidents de la vie dont il s’agit peuvent être de nature personnelle ou professionnelle. Dans la première catégorie on retrouve les problèmes de santé (handicap, maladie), des problèmes de vie privée (divorce, abandon du foyer familial, violences conjugales, décès d’un proche, orphelinat), des problèmes sociaux (incarcération, isolement, immigration, échec scolaire). Pour ce qui touche à la vie professionnelle, on trouve des accidents de carrières liés à la situation économique, des problèmes causés par l’employeur (harcèlement, mutation), ou bien l’inadaptation à un poste de travail à la suite d’un accident.

Le projet présenté par les candidats doit avoir été sérieusement étudié et être viable dans la durée. Il faut aussi qu’ils aient déjà sollicités des cofinancements et reçu des réponses écrites – positives ou négatives – à leurs demandes.

Les bénéficiaires sont à 71% des femmes, 29% des hommes. La création d’entreprise représente 25% de ces missions, la formation 75%. Les bénéficiaires de l’aide sont dans leur grande majorité des femmes seules avec enfant. On observe de plus en plus des parcours marqués par des problèmes de santé liés à l’environnement professionnel, comme les burnouts et les dépressions. 27% des bénéficiaires ont un handicap reconnu. Ils sont malheureusement de plus en plus pauvres : plus de la moitié d’entre eux vivent avec moins de 6000 euros par an.

L’Aide de la Fondation comporte deux volets indissociables. L’un est une dotation financière plafonnée à 4000 € pour la création d’entreprise et à 2500 € pour une formation professionnelle. L’autre un accompagnement humain sur une durée de 2 ans environ. L’argent déboursé par la Fondation ne passe pas entre les mains des bénéficiaires ; il va directement aux organismes de formations ou à l’achat du matériel nécessaire à la réalisation du projet. Après 3 ans, 63 % des bénéficiaires ont trouvé un emploi. Pour ceux qui ont créé leur entreprise, le taux moyen de survie de l’entreprise est de 73%. Ce qui est un très bon chiffre en termes de création d’entreprise.

Alain Mouy
délégué départemental de la Fondation de la seconde chance pour la Sarthe et membre d’ECTI 72