Missions Prisons – Jean-Yves Guchet

J’interviens à la Maison d’Arrêt de Nantes depuis quelques années déjà̀. Voici mon ressenti après toutes ces interventions.
1- Contexte et thématiques abordées :
Les thématiques abordées sont les suivantes :

  • Monde de l’entreprise
  • Création d’entreprise
  •  Attentes, droits et devoirs du salarié & Attentes droits et devoirs du chef d’entreprise.

Mes interventions sont réalisées à la demande de l’Organisme de formation PREFACE qui est en charge de l’accueil et de la formation des détenus à la Maison d’Arrêt de Nantes.

Elles s’adressent à des groupes d’une dizaine de stagiaires (PREFACE préfère que nous utilisions le mot de stagiaires plutôt que celui de détenus) qui suivent les formations “métiers” dispensées par PREFACE. (Entretien en bâtiment, Nettoyage, Gestion d’entrepôts Boulangerie).

Pour ma part, il ne s’agit pas réellement de formation, j’essaie de susciter au maximum la participation des stagiaires en établissant une espèce de débat assez large autour du monde de l’entreprise en m’appuyant si possible sur leur propre expérience professionnelle, sur la vie des entreprises locales…(exemples concrets pour introduire les notions de: marché, croissance, profit, concurrence, développement, création de richesses, pérennité́, savoir être …)

 

2- Mon ressenti :

Avant de démarrer ce type de mission, je ne connaissais pas du tout le monde carcéral ; je m’y suis intéressé́ grâce à ECTI, qui étant en relation avec PREFACE sur un grand nombre de sites, m’a donné́ l’opportunité́ de le découvrir dès l’ouverture de la nouvelle Maison d’Arrêt de Nantes.

J’ai accepté́ cette mission car pour moi, ce type de mission s’inscrivait dans une démarche sociétale. En tant que retraité, adhèrent d’ECTI, disponible, cherchant à être utile je trouvais logique de m’intéresser et d’agir sur les problématiques de ré-insertion, de récidive, de surpopulation des prisons… 

Après y avoir déjà̀ croisé quelques centaines de détenus, j’ai le sentiment d’être utile. Vues leurs réactions, je suis certain que les sujets abordés leur donnent l’occasion de prendre un peu de recul, de s’interroger sur leur devenir en tant que citoyen. Parfois les discussions débordent du sujet, on parle de société́, de démocratie… 

Dans cet univers d’enfermement où la violence est permanente, le fait de venir de l’extérieur, bénévolement, passer quelques heures avec eux, cela les interpelle et ils se sentent valorisés ; je perçois souvent de la reconnaissance dans leur regard, ils me gratifient d’un certain respect à cet égard. 

Sans occulter ni la gravité de leurs actes ni le bienfondé́ de la sanction qu’ils doivent accepter, de mon coté, en découvrant certains profils pleins d’atouts, je me pose souvent la question : pourquoi sont-ils arrivés dans cette case prison ? Problème d’éducation, de mauvaises rencontres, de mal être, de révolte contre les injustices de la société́, d’être nés au mauvais endroit ? 

Nul n’a la réponse. Mais ce qui est sûr c’est que la société́ tout entière a tout intérêt à ce que le plus grand nombre d’entre eux puissent se réinsérer après avoir purgé leur peine.

Ceci dit, je reste lucide, ma valeur ajoutée est impossible à mesurer, elle reste forcément très faible, chez cette population relativement jeune la récidive est forte. Néanmoins je trouve que cette petite contribution consacrée à cette cause par ECTI est bien en adéquation avec les valeurs que nous défendons et se justifie donc pleinement.

Jean Yves GUCHET
Adhérent ECTI 44